La France décroche son deuxième titre européen et réalise un doublé historique Coupe du monde 1998-Euro 2000. Les Bleus terrassent l'Italie au terme d'une finale renversante.
David Trezeguet, torse nu, hurle sa joie et entame une course folle vers la tribune des supporters français, poursuivi par ses coéquipiers. Sur la touche, Roger Lemerre et son staff sprintent pour rejoindre ses joueurs dans le coin du terrain, où se forme une pyramide humaine ivre de plaisir.
Les Bleus sont champions d'Europe 2000 et leur bonheur, total, est à la hauteur de la délivrance et de l'émotion ressenties à l'instant où "Trezegol" a catapulté, d'une reprise fulgurante du gauche, le ballon dans les filets italiens, après 103 minutes de jeu précisément.
Un but comme un éclair au bout de la nuit et au bout d'un suspense rare qui n'a fait qu'aller "crescendo" dans la cuvette du Kuip de Rotterdam. Et surtout, un "but en or" (2-1) qui propulse plus que jamais l'Équipe de France au sommet du football international avec ce nouveau titre. Après la Coupe du monde en 1998, l'Euro 2000 ! Un doublé inédit dans l'histoire, que la RFA avait réalisé dans l'ordre inverse en 1972 et 1974.
Opposées en quarts de finale de la Coupe du monde, deux ans plus tôt, la France et l'Italie se retrouvent pour cette finale de l'Euro. Il y a de la revanche dans l'air pour une équipe transalpine qui n'a plus battu les Bleus depuis 1978 (photo Olivier Morin/AFP).
Ce trophée, les Tricolores ne l'ont pas seulement décroché. Ils sont allés véritablement l'arracher des griffes de l'Italie, qui s'imaginait déjà le soulever quelques minutes plus tôt. Comme ils avaient arraché la qualification en demi-finales contre le Portugal (2-1, but en or).
Triple coaching gagnant
Dans cette finale de la 11e édition du championnat d'Europe de l'UEFA, co-organisé par la Belgique et les Pays-Bas, tout commence (si l'on peut dire) à la 55e minute, lorsque Marco Delvecchio, à la réception d'un centre de Gianluca Pessotto, trompe Fabien Barthez d'une reprise à bout portant (photo ci-dessous). Ce but, qui lui donne l'avantage (0-1), la Squadra Azzura va le préserver jusqu'à... la fin ? Beaucoup le croient, en effet.
Fabien Barthez n'a pratiquement pas le temps d'esquisser un geste. Le ballon repris par Delvecchio est déjà au fond de sa cage. L'Italie mène 1 à 0. (photo Patrick Hertzog/AFP).
Les dernières secondes s'égrenent, le temps additionnel est écoulé. Depuis la 55e minute, les Bleus poussent pour égaliser. Roger Lemerre a lancé Sylvain Wiltord (56e), David Trezeguet (76e) et Robert Pirès (86e) dans la bataille. Les supporters français "étouffent" dans le Kuip, ils suivent ou plutôt implorent du regard l'action tricolore de la dernière chance : un long coup franc de Barthez, une déviation de la tête de Trezeguet vers Sylvain Wiltord, à gauche dans la surface. Malgré un angle fermé, la frappe croisée ef rasante du Bordelais trompe Toldo (1-1, 90e + 4, photo ci-dessous) !
Francisco Toldo se prend la tête dans les mains alors que Sylvain Wiltord (au fond, masqué par le poteau) part célébrer son égalisation (1-1) pour les Bleus (photo Patrick Hertzog/AFP).
Le sort de cette finale vient de basculer. Ce retour inespéré a sonné l'Italie et les Bleus vont obtenir, on le sait, le KO dans la prolongation. Retour à la 103e minute. Sur la gauche, Robert Pirès, autre "joker" tricolore, se joue en deux crochets de la défense transalpine et centre au cordeau pour David Trezeguet... La suite n'est que folie et liesse collective. Dans la tribune officielle, le président Jacques Chirac exulte. Il était maire de Paris lorsque les Bleus ont été sacrés champions d'Europe pour la première fois, en 1984 au Parc des Princes.
David Trezeguet, passeur sur le premier but, puis "buteur en or" sur le second, synonyme de titre européen pour la France (photo Patrick Hertzog/AFP).
Après la remise du trophée, Didier Deschamps et les siens s'attardent sur la pelouse, pour savourer ensemble ce moment de plénitude sportive et le partager avec leurs supporters, venus nombreux. Le capitaine tricolore s'entretient aussi longtemps, sous l'œil des caméras, avec Roger Lemerre. Le sélectionneur tente de convaincre son joueur de poursuivre sa carrière internationale. "DD" y mettra un terme deux matches plus loin, comme Laurent Blanc.
L'été suivant, l'Équipe de France signera la passe de trois en remportant la Coupe des Confédérations 2001, au Japon et en Corée du Sud.
Y'a d'la joie et des sourires dans le camp tricolore... (photo Patrick Hertzog/AFP).
Conciliabule entre Roger Lemerre et Didier Deschamps sur pelouse du Kuip. Á 31 ans le capitaine des Bleus sait déjà qu'il vient de vivre sa dernière compétitiion sous le maillot tricolore (photo Philippe Huguen/AFP).