jeudi 25 juin 2020 - 08:30 - Raphaël Raymond
Le 25 juin 1986, Alain Giresse met un terme à une brillante carrière internationale après l’élimination des Bleus par la République Fédérale d’Allemagne en demi-finale de la Coupe du monde (0-2).
La République Fédérale d’Allemagne mène 1-0 depuis la 9e minute et un coup franc d'Andreas Brehme, consécutif à une très légère faute de Manuel Amoros sur Karl-Heinz Rummenigge. Au Jalisco de Guadalajara, là même où quatre jours plus tôt ils ont remporté un quart-de-finale d’anthologie face au Brésil (1-1, 4-3 aux tirs au but), les Bleus tentent de recoller. Mais leurs jambes semblent lourdes. Trop lourdes pour une nouvelle performance XXL. Le temps passe. Henri Michel injecte du sang neuf. Cinq minutes après avoir remplacé Bruno Bellone par Daniel Xuereb (66e), il lance Philippe Vercruysse à la place d’Alain Giresse.
C’est ainsi que "Gigi" met un terme, sans le savoir, à une brillante carrière internationale, débutée presque douze ans plus tôt, le 7 septembre 1974, par une victoire en Pologne (2-0). Car les Français, quatre ans après la fatale série de tirs au but de Séville, vont à nouveau être victimes du réalisme allemand. À la dernière minute, Rudi Völler ajoute un second but et brise définitivement les espoirs français d’un doublé Championnat d’Europe-Coupe du monde.
Alain Giresse, une dernière sélection au goût amer contre la RFA, bourreau des Bleus en 1986 comme en 1982. (Photo AFP).
Six sélections seulement à 28 ans…
Peu de joueurs ont eu le privilège de prévoir le moment où il tirerait leur révérence. Giresse, qui fera l’impasse, comme Michel Platini, sur la petite finale remportée contre la Belgique (4-2 après prolongation) aurait très certainement mérité une autre fin. Ses 47 sélections ne disent pas tout de son empreinte dans l’histoire de l’Équipe de France. Le milieu de terrain offensif formé aux Girondins de Bordeaux a dû attendre mars 1981 pour être considéré, à 28 ans, comme le complément idéal de Michel Platini et un titulaire à part entière. Avant, il n’avait porté le maillot de l’équipe nationale qu’à six reprises…
Sa prestation épatante contre la Belgique (3-2) en avril 1981 donne envie à Michel Hidalgo de l’associer à Michel Platini le 18 novembre lors du match décisif pour la qualification à la Coupe du monde 1982 contre les Pays-Bas (2-0). Un peu plus tard, les deux meneurs formeront avec Jean Tigana puis Luis Fernandez le fameux "carré magique".
Coupe du monde 1982, en Espagne. Sa performance individuelle vaudra à Alain Giresse (ici contre l'Autriche, 1-0) une deuxième place au Ballon d'or en fin d'année. (Photo archives FFF).
Avec les Bleus, "Gigi" fut plus passeur que buteur. L’une de ses six réalisations appartient à la légende de l’Équipe de France : celle réussie en demi-finale du Mondial 1982 lors de la prolongation contre la RFA, synonyme de 3-1. Qui ne se souvient pas de sa frappe de l’extérieur du pied droit poteau rentrant puis sa joie immense, malheureusement de trop courte durée ?
Deuxième du Ballon d’Or 1982 derrière l’Italien Paolo Rossi, élu meilleur joueur français par l'hebdomadaire France-Football en 1982, 1983 et 1987, Alain Giresse est un modèle de longévité au plus haut niveau. Il a gagné un Euro (1984, photo ci-dessous), une Coupe intercontinentale (1985), deux titres de champion (1984, 1985), une Coupe de France (1986) et disputé 586 matches de Première Division, total dépassé ou égalé par aucun autre joueur de champ. Du haut de son mètre soixante-deux, "Gigi" était un monument.
Le 27 juin 1984, Alain Giresse soulève le trophée de champion d'Europe avec Michel Platini et Luis Fernandez. (Photo AFP).
SCHUMACHER Harald
BREHME Andreas
FÖRSTER Karl-Heinz
JAKOBS Dittmar
BRIEGEL Hans-Peter
MATTHÄUS Lothar
ROLFF Wolfgang
MAGATH Felix 59'
EDER Norbert
RUMMENIGGE Karl-Heinz 57'
ALLOFS Klaus
VÖLLER Rudolf 57'
FERNANDEZ Luis 89'
GIRESSE Alain 71'
BELLONE Bruno 66'
XUEREB Daniel 66'