Le 27 avril 1987, Michel Platini dispute le 72e et dernier match de sa riche histoire avec les Bleus au Parc des Princes, à l'occasion d'une victoire contre l'Islande (2-0).
Il a ôté son brassard de capitaine, le regard las et bas malgré la victoire, a commencé à enlever son maillot avant de se raviser, une poignée de main à l’arbitre nord-irlandais Frederick McKnyth, et le voilà engouffré dans le couloir du Parc des Princes alors que, sur le bord de la pelouse, Luis Fernandez, Manuel Amoros, José Touré, ses coéquipiers, se désaltèrent.
Voilà la dernière image de Michel Platini joueur de l’Équipe de France. Un départ que personne ne sait définitif, au soir d’une soixante-douzième sélection et après un succès (2-0) contre l’Islande. Sans flonflons ni tambours, dans un Parc à moitié plein (27 732 spectateurs). Platini n'a pas encore annoncé qu'il se retirait des terrains mais une forme de lassitude transparait dans sa déclaration d’après-match délivrée, face aux micros, par un capitaine vêtu d’un pull saumon à grosses mailles : "La France a changé par rapport à 1984 et 1986. L’Équipe de France était très, très forte, y compris celle de 1982. Celle de 87/88 a tout à démontrer, tout à prouver".
72e et dernière cape tricolore pour Michel Platini. Pas de but mais une passe décisive pour Carmelo Micciche.
Quand il quitte le Parc des Princes au soir de sa soixante-douzième, et ce qui allait donc devenir sa dernière sélection, Platini est encore le meilleur buteur de l’histoire des Bleus (41 buts, dépassé en 2007 par Thierry Henry, 51 buts), le numéro dix qui a incarné le renouveau de l’Équipe de France au début des années 1980, celui qui a soulevé le premier trophée, la Coupe Henri-Delaunay, à l’Euro 1984, et celui qui reste toujours à ce jour le meilleur buteur (9 buts) lors d’une phase finale de championnat d’Europe.
Mais ce soir-là, l’été aztèque est déjà loin. Depuis la fin de Coupe du monde 1986 et leur troisième place au Mexique, les Bleus sont atones. Muets, même. Aucun but inscrit en quatre matches. Englués dans les qualifications pour l’Euro 1988 en Allemagne, dans un groupe B aux airs polaires de guerre froide (URSS, RDA, Islande, Norvège).
Une dernière fois décisif
Contre l’Islande, l’Équipe de France livre une partie laborieuse. Platini offre une passe décisive (la vingtième de sa carrière en bleu) pour l’ouverture du score par l’attaquant du FC Metz Carmelo Micciche, lequel fête, et Gérald Passi aussi, sa première sélection.Yannick Stopyra inscrira le deuxième et dernier but de la rencontre. L’ultime réalisation de Platini sous le maillot bleu restera donc à jamais associée au France-Brésil de légende à Guadalajara.
Dix-huit jours plus tard, les adieux sont programmés. Avec la Juventus, sous la pluie contre Brescia dans le vieux Stadio Comunale, le Roi met un terme à sa carrière. Il ne disputera pas le Norvège-France du mois de juin que les Bleus perdront 2-0 en même temps que leurs illusions de voir l’Euro en Allemagne. La France, tenante du titre, a le blues, orpheline de son numéro dix.
Michel Platini tourne la page de l'Équipe de France en tant que joueur. Avant d'en ouvrir une autre en tant que sélectionneur.
Michel Platini n’a donc pas encore 32 ans quand il range les crampons et referme le livre de onze années fastes passées en Équipe de France. Onze ans depuis ses débuts contre la Tchécoslovaquie, le 27 mars 1976 et son premier but en sélection. Un coup franc, déjà. Un coup franc tiré à la place d’Henri Michel et dont il fera sa marque de fabrique. Platini en convertira onze sur les quarante et un buts qu’il inscrira. Onze coups francs, trois penalties seulement, quatre doublés et deux triplés, complets (du pied droit, du pied gauche et de la tête) coup sur coup à l’Euro 1984 contre la Belgique et la Yougoslavie.
Dix-huit mois après sa dernière sélection, Michel Platini reviendra en Équipe de France pour en devenir le sélectionneur, à 33 ans. Le plus jeune de l’histoire des Bleus, aujourd'hui encore.