Privés de leur leader, Michel Platini, les Bleus s’offrent un récital prometteur à trois mois de la Coupe du monde en Espagne.
Il est toujours périlleux de chercher à dater la naissance d’une équipe. En revanche, il est des matches où elle se révèle incontestablement à elle-même et à son public. C’est ainsi que l’équipe championne du monde 2018 a entrevu la lumière du renouveau cinq ans plus tôt, dans la douleur du barrage retour contre l’Ukraine et du doublé de Mamadou Sakho, que son aînée de 1998 a trouvé son chemin sur le sol anglais à l’occasion de l’Euro.
Eliminée dès le premier tour du Mundial argentin en 1978, privée d’Euro deux ans plus tard, l’Équipe de France possède au moins une bonne raison de croire en son renouveau à l’aube de la Coupe du monde en Espagne. Cette bonne raison porte un nom, celui de Michel Platini. À Nancy puis à Saint-Étienne, le génie de Joeuf promène sa remarquable vista et sa technique soyeuse sur tous les terrains de Division 1. Mais pas que…
À l’automne 1981, c’est l’un de ces coups francs brossés dont il a le secret qui a eu raison des Pays-Bas dans la course à la qualification pour le mondial. Lors du premier match international de l’année 1982, contre l’Italie en amical au Parc des Princes, c’est encore lui qui a montré la voie d’un succès de prestige d’une frappe croisée à terre malicieuse. À 26 ans, le capitaine des Bleus s’est rapproché du sommet d’un art qui fera de lui un triple Ballon d’Or France Football. Sa réputation déborde déjà allégrement des frontières de l’Hexagone. Sous le charme, Giovanni Agnelli a décidé d’attirer "Platoche" sur la terre de ses ancêtres et d’en faire le maître à jouer de la Juventus Turin.
Ce 24 mars 1982, face à l’Irlande du Nord, la France doit pourtant entrevoir la vie sans Platini, blessé et forfait. Ce n’est qu’un match amical ? Un match international n’a d’amical que le nom. Surtout à trois mois d’une Coupe du monde. Michel Hidalgo, qui doit également composer sans Jean Tigana, a des essais à effectuer et un espoir à entretenir, celui de voir les Bleus passer enfin le premier tour. Et plus si affinités. En Coupe du monde, cela ne leur est plus arrivé depuis… 1958 !
Face aux rugueux irlandais élevés au kick and rush du championnat anglais, la première demi-heure s’avère compliquée, jusqu’à ce qu’Alain Giresse déboule sur l’aile droite et trouve la tête de Bernard Zénier, démarqué au second poteau (31e). Et si chez les Bleus, un crack pouvait en cacher un autre, se demandent les 35000 spectateurs présents au Parc ? Juste avant la pause, Alain Couriol double la mise, à l’affût d’une frappe de Zénier repoussée par Platt.
En seconde période, Jean-François Larios sur penalty et Bernard Genghini à la réception de centre de Bruno Bellone donneront au score la même ampleur (4-0) que celui qui sanctionnera les retrouvailles entre Français et Irlandais, un trimestre plus tard… au deuxième tour de la Coupe du monde.
LOPEZ Christian 68'
GIRESSE Alain 76'
COURIOL Alain 75'
GIRARD René 76'
SOLER Gérard 75'
PLATT James
NICHOLL James
O'NEILL John
NICHOLL Christopher
DONAGHY Malachy
O'NEILL Martin
McILROY Samuel 64'
McCREERY David 64'
BROTHERSTON Noel
ARMSTRONG Gerald
COCHRANE Terence 38'
SPENCE Derek 64'
CASKEY William 64'
STEWART Ian 38'
M. VERHAEGHE Roger